La transformation numérique ne se limite plus à l’adoption d’outils : elle reconfigure la manière dont la chaîne de valeur se pense, s’exécute et s’adapte.
Au cœur de cette mutation, le Supply Chain Management (SCM) se trouve investi d’une responsabilité nouvelle : porter la digitalisation comme vecteur de cohérence et d’intégration entre les acteurs, bien au-delà des frontières organisationnelles.
Le Digital Capabilities Model (DCM), développé par l’ASCM, offre un cadre de référence pour évaluer et structurer les capacités digitales au sein de la chaîne de valeur.
Loin d’un simple catalogue technologique, il décrit comment les entreprises peuvent articuler leurs processus, leurs données et leurs compétences humaines autour d’un objectif commun : la création de valeur fluide, connectée et apprenante.
Chez Akorium, nous considérons le DCM comme une grille de lecture essentielle pour aligner la transformation digitale sur les réalités industrielles et humaines. Le modèle met en évidence que le digital n’est pas un levier isolé, mais une capacité systémique, enracinée dans la culture et la gouvernance de la Supply Chain.
L’expérience utilisateur (UX) au centre du pilotage digital
La réussite d’une digitalisation n’est pas qu’affaire d’ERP ou d’IA : elle dépend de l’expérience utilisateur.
Le Supply Chain Manager devient garant d’une UX fluide et intégrée, où chaque acteur — planificateur, fournisseur, client, technicien — accède à la bonne information, au bon moment, dans un environnement qui favorise la collaboration plutôt que la contrainte.
👉 Une expérience numérique cohérente devient ainsi un levier d’adhésion et de performance collective.
Savoir travailler dans un monde complexe
Le SCM moderne ne cherche plus à simplifier le réel, mais à le rendre navigable.
Cela suppose une compétence nouvelle : savoir travailler dans la complexité.
Les chaînes d’approvisionnement ne sont plus linéaires mais interdépendantes, adaptatives et dynamiques.
Le rôle du Supply Chain Manager évolue vers celui d’un chef d’orchestre systémique, capable de comprendre les interactions, de gérer les boucles de rétroaction et d’entretenir un équilibre viable entre robustesse et flexibilité.
La viabilité des systèmes : l’organisation comme organisme vivant
Dans la vision d’Akorium, la viabilité n’est pas une posture théorique : c’est une discipline d’adaptation continue, une culture de l’observation et de la connexion. La transformation digitale doit renforcer cette capacité à “sentir et répondre” du système, plutôt qu’à la rigidifier sous prétexte d’optimisation.
Le piège de la centralisation : quand l’optimisation devient sclérose
Trop souvent, les organisations confondent digitalisation et centralisation.
Dans leur quête d’optimisation, elles finissent par rigidifier les processus, éloigner la décision du terrain, et perdre leur sensibilité au marché.
Ce phénomène conduit à une perte de diversité organisationnelle : les structures deviennent plus efficaces, mais moins adaptatives.
Elles cessent d’apprendre, de s’ajuster et, finalement, de se renouveler.
À l’inverse, une Supply Chain réellement digitale et viable repose sur la décentralisation maîtrisée, l’intelligence collective et la capacité à réagir localement dans un cadre global cohérent.
Dans ce contexte, la notion de viabilité prend le pas sur celle de durabilité au sens environnemental.
Un système viable est un système capable de s’adapter, de s’auto-réguler et d’évoluer face aux perturbations.
La Supply Chain, pensée comme un organisme vivant, doit intégrer en permanence les signaux faibles du marché, ajuster ses processus, et réinventer ses connexions internes et externes.
La digitalisation n’est donc pas une fin en soi, mais un moyen d’assurer la survie et la pertinence du système dans un environnement VUCA.
En conclusion
Porter la digitalisation n’est pas une tâche de DSI, mais une mission stratégique du Supply Chain Management.
Le Supply Chain Manager devient l’architecte d’un écosystème numérique vivant, où technologie, données et humain s’articulent pour garantir la viabilité, la réactivité et la diversité de la chaîne de valeur.
Le Digital Capabilities Model lui donne la boussole — encore faut-il la lire avec une vision systémique et organique du futur industriel.